vaud, Chablais vaudois

Balade historique vers la plaine

Parcourir les sentiers qui relient Leysin à Yvorne (VD), c’est s’offrir une tranche d’histoire. De l’ancienne station climatérique au village vigneron,
paysages et ambiances se succèdent au fil des pas.

Perché à flanc de montagne, Leysin mérite bien son surnom de «balcon des Alpes vaudoises». Les chalets parsèment un plateau naturel, orienté plein sud. Quant aux sanatoriums qui ont fait la réputation de la localité dès la fin du XIXe siècle, ils donnent au village des airs de ville en miniature. Au-dessus des toits, le massif de la Berneuse est déjà parsemé de neige. En contrebas, la plaine du Rhône est voilée par un léger stratus. Mais même si le soleil n’est pas encore levé, un courant d’air presque tiède rend l’atmosphère agréable.
Avant son climat et son exposition favorables, c’est la situation haut perchée du site qui lui a valu, d’après les historiens, d’être occupé dès la fin de l’époque romaine: sur ce replat isolé, on était sans doute à l’abri des bandes de pillards qui sévissaient dans la plaine. À l’époque, bien entendu, il fallait avoir de bons mollets pour atteindre Leysin, à 1200 mètres d’altitude. Ni train à crémaillère ni route goudronnée n’y conduisaient: seuls quelques sentiers y montaient tout droit à travers d’épaisses forêts. C’est l’un de ces itinéraires que nous avons choisi pour notre promenade du jour. En optant pour la voie de la facilité: nous l’empruntons dans le sens de la descente.
Depuis la gare de Leysin-Village, il suffit de marcher quelques centaines de mètres pour se retrouver dans les bois. Apparaissant puis disparaissant sans cesse entre les hauts troncs des conifères, la silhouette bleutée du massif des Dents-du-Midi nous servira de repère durant toute notre promenade.

Les genoux chauffent
La petite route forestière descend entre bois et pâturages vers la plaine du Rhône. Elle nous mène à un deuxième petit plateau où s’agglutinent quelques chalets: le hameau de Veyges. L’unique rue qui traverse le village est plongée dans le silence. On entend seulement le bourdonnement sourd qui monte de la plaine.
Sitôt passées les dernières habitations, le chemin se rétrécit et pointe tout droit vers le bas. Entre les blocs de neige et les pierres parfois branlantes sous les feuilles mortes, il faut avancer prudemment pour éviter de se tordre une cheville. À mesure que nous descendons, la végétation évolue. Les épicéas cèdent la place aux hêtres, les parois rocheuses aux prairies. Nous nous croirions presque revenus quelques siècles en arrière: ce chemin creux pavé de pierres rondes a sûrement été foulé par des générations de muletiers grimpant à Leysin pour apporter des marchandises et des nouvelles fraîches.
Le paysage s’ouvre à mesure que nous approchons d’Aigle. Au lieu de rejoindre la ville, nous obliquons sur la droite pour prendre la direction d’Yvorne. Le sentier, désormais herbeux et presque plat, nous permet de reposer nos genoux mis à rude épreuve par la descente. Dans un pâturage, trois chamois lèvent la tête et nous scrutent quelques instants avant de recommencer à brouter.
Au fil de la matinée, le ciel se couvre, mais la grisaille ne gâche rien au spectacle: la plaine du Rhône s’offre à nous à la moindre trouée dans les arbres. Assis sur un banc, nous regardons la ville d’Aigle qui se déploie en contrebas. Quelques minutes plus tard et c’est l’arrivée sur Yvorne, dont le clocher blanc semble perdu au milieu des vignes. Depuis le centre du village, il faudra prendre le car postal pour retourner à Aigle ou marcher encore une petite demi-heure. Mais avant de retrouver l’agitation de la ville, profitons quelques instants encore du calme régnant dans ce petit hameau vigneron dont le charme, là encore, résiste à merveille au temps qui passe.

Texte(s): Clément Grandjean
Photo(s): Clément Grandjean
  • Balade; 10 décembre 2015; Leysin

  • Balade; 10 décembre 2015; Leysin

  • Balade; 10 décembre 2015; Leysin

infos pratiques

Y aller

En transports publics À la gare CFF d’Aigle, emprunter la pittoresque ligne à crémaillère Aigle-Leysin. Depuis Yvorne, un car postal vous ramènera à Aigle à l’issue de la balade.
En voiture Autoroute A9, sortie No 17, Aigle. Étant donné que l’itinéraire est en ligne droite, mieux vaut parquer sa voiture à Aigle – plusieurs parkings sont à disposition – et prendre le train Aigle-Leysin.

Le parcours

Itinéraire en ligne droite et essentiellement en descente. Environ 800 mètres
de dénivelé. Marche facile, mais quelques tronçons sont particulièrement pentus.
Les marcheurs aux genoux fragiles prévoiront une paire de bâtons pour
s’aider dans les passages les plus raides.

Se restaurer

Auberge de la Couronne, hôtel et restaurant, Yvorne. Belle carte de mets du terroir et menu du jour à midi. Ouvert du mardi au dimanche. Tél. 024 466 94 22,
www.aubergedelacouronne.ch

Se renseigner

Office du tourisme de Leysin,
tél. 024 493 33 00, www.leysin.ch
Office du tourisme d’Aigle,
tél 024 466 30 00, www.aigle-tourisme.ch