berne, Seeland

Balade mystérieuse autour de la colline de Jolimont

Sur les rives du lac de Bienne, la colline de Jolimont, à laquelle s’adosse le bourg d’Erlach (BE), ajoute au plaisir d’une sortie au grand air la découverte d’un site mystérieux, où les druides célébraient jadis leurs rituels.

Une fine couche de neige recouvre le sol de la forêt lorsque nous quittons le petit village de Tschugg. Le froid qui règne depuis plusieurs jours lui a conservé toute sa légèreté. Une aubaine pour découvrir, révélée par ses traces, la faune qui arpente ce sous-bois lorsque l’homme en est absent. Ici, un fin sabot trahit le passage d’un chevreuil. Plus loin, de fines pattes disposées par paires démontrent l’intérêt de passereaux pour des faines. Et puis cette empreinte parfaite, en losange, là où un écureuil s’est arrêté un instant. Peut-être pour y déguster, lui aussi, des fruits du hêtre particulièrement abondants cet hiver.

Comme un dragon de pierre
Entre les arbres apparaissent bientôt les formes massives de rochers. Leurs silhouettes hérissées de crêtes s’élèvent et se prolongent sur plusieurs mètres, telle l’échine d’un dragon tapi dans le sous-bois. Nous voici arrivés au Tüfelsburdi: un groupe de blocs erratiques géants, originaires du val de Bagne (VS), autour duquel une succession de peuplades se seraient réunies. Dans les paysages d’alors, les rochers emmenés par le glacier du Rhône étaient de précieux repères, voire des lieux de légendes ou propices à des rites sacrés. Du Tüfelsburdi, quarante-cinq minutes de marche nous séparent d’Erlach – Cerlier en français –, à l’extrémité nord de notre parcours. Sur notre droite apparaît d’abord le vaste pâturage qui occupe le replat sommital de Jolimont. À notre gauche, dans la plaine, un ruban bleu se devine ensuite entre les arbres dénudés: c’est le canal de la Thielle qui relie les lacs de Neuchâtel et de Bienne. Un peu plus loin, par une judicieuse saignée pratiquée par les bûcherons, un beau point de vue sur les contreforts du Jura s’offre à nous. Si la brume en estompe les détails, elle confère une douceur et une subtile teinte bleutée à la région du Landeron, aux villages et aux coteaux de vigne riverains du lac de Bienne. Nous quittons alors le large plateau ceinturé de forêt par un bref raidillon qui nous mène aux portes du joli village d’Erlach. Bien qu’enneigé, un banc incite à un moment de pause d’où apprécier le paysage.

Retour par le vignoble enneigé Au-delà du château, installé en contrebas, des toits du vieux village et du port de plaisance, c’est aussi la presqu’île de Saint-Pierre, chère à Rousseau, que l’on embrasse d’un seul coup d’œil. Elle se dessine comme une langue de terre, bordée de roselières, qui s’avance dans le lac de Bienne. Après un tour dans les pittoresques ruelles du bourg, nous reprenons la direction de Tschugg le long d’une piste enserrée entre la forêt et les parcelles de vigne qui bordent le massif de Jolimont sur son versant est. Un bout de chemin qui se mue à son tour en balcon sur la plaine, mais aussi en observatoire pour l’avifaune. À contrecœur, les merles, grives, et autres passereaux quittent les lignées de ceps pour se cacher dans les plus proches buissons. À peine inquiets, ils n’attendent que de voir nos talons pour reprendre leur chasse aux grains de raisin oubliés.
Nous rejoignons alors le Räbluskurve, un sentier didactique dédié aux vignobles locaux, et le suivons sur deux des dix postes qu’il compte. À un détour du chemin, des toits apparaissent derrière de grands arbres couverts de gui. Après deux heures et demie de marche, nous arrivons à ­Tschugg, terme de cette boucle. Quelques belles fermes transformées de la rue principale du village attirent le regard. Les habitants semblent s’être concertés pour leur conserver un magnifique cachet. Quant aux jardins qui les entourent, même l’hiver ne parvient pas à en atténuer le charme.

Texte(s): Daniel Aubort
Photo(s): Daniel Aubort/Infographie Pascal Erard

infos pratiques

Y aller

En transports publics
Depuis la gare CFF de Neuchâtel, correspondance pour Ins (Anet), puis trajet de 12 minutes par service de bus entre Ins et Erlach (Cerlier).
En voiture
Sortie No 17 Thielle sur l’autoroute Yverdon-Neuchâtel-Bienne. Prendre la direction d’Erlach sur la route de Berne, puis rejoindre le petit village de Tschugg à 2 km au sud. Parking dans le village et en bordure de forêt, au-dessus du parc animalier. Pour un départ de la balade à Erlach, grand parking payant au port.

Le parcours

À partir d’Erlach ou de Tschugg, très joli parcours, sans difficulté, d’un dénivelé de +/- 180 m. Compter 2 h 30 de marche pour les 9 kilomètres. Le tracé fait le tour de la colline de Jolimont, passe par le site druidique du Tüfelsburdi et traverse les villages d’Erlach et de Tschugg. Carte OFT au 25 000 No 1145 Bienne.

Se restaurer

Pizzeria Margherita, Im Städtchen 24, Erlach. Fermé le lundi. Tél. 032 338 25 55.  Restaurant Bärengraben, Im Städtchen 19, Erlach. Fermé le week-end, sauf  juillet-août. Tél. 032 338 72 42.

Se renseigner

Plusieurs balades dans la région sont proposées sur le site de Jura Trois-Lacs: www.juratroislacs.ch