vaud, Vallon des Vaux

Balade dans le passé du vallon des Vaux

À deux pas d’Yvonand et du lac de Neuchâtel, le vallon des Vaux qui a été taillé dans la molasse par deux torrents nous invite à remonter le temps. L’histoire de la terre s’y mêle à celle de l’homme.

Le paysage se referme doucement ­autour de nous lorsque nous pénétrons dans les gorges du vallon des Vaux. Au bruit des activités humaines – la balade démarre sous le viaduc de l’autoroute – succède maintenant celui, bien plus agréable, d’un petit torrent. Là, de hautes falaises de molasse nous dominent, profondément creusées par une érosion qui témoigne de la puissance de l’eau. À l’âge de la pierre polie, l’homme a par ailleurs occupé l’un des abris sous roche du vallon. Dès la jonction du ruisseau des Vaux et de son affluent, le Flonzel, le sentier prend rapidement de la hauteur. Marches en bois et racines qui affleurent nous aident à grimper vers la tour Saint-Martin. Le pas se fait plus lent. Une chance peut-être d’apercevoir les chamois qui se tiennent parfois sur cette crête. Un solitaire nous repère le premier et, pour notre plaisir, signale une présence que nous n’aurions pas soupçonnée sans son appel d’alarme.

Vestige d’un  bourg fortifié
Au sortir des gorges, le paysage s’ouvre sur des cultures et les premiers toits du village de Chêne-Pâquier. Alors qu’à notre gauche, les 22 mètres de la tour Saint-Martin se profilent. Son approche nous permet de l’admirer sous toutes les coutures. Elle est l’unique vestige d’un ancien bourg et d’une puissante forteresse datant de 1240, aujourd’hui disparus. Fermée en 2013 pour raison de sécurité, elle a rouvert ses portes au public en 2015, dotée d’un nouvel escalier. De son sommet, le regard s’attarde sur un relief valonné quand des cris d’excitation retentissent. Agacées par notre arrivée, des mésanges bleues s’impatientent. Elles veulent déposer des matériaux pour leur nid dans une anfractuosité du mur. Un intérêt pour l’édifice que pourrait bien partager un couple de faucons crécerelles. Perché dans un arbre proche, le mâle était bien visible d’une meurtrière lors de l’ascension de la tour.

Jeu d’ombre et de lumière
Après un crochet pour admirer le surprenant temple elliptique de Chêne-Pâquier, nous gagnons le pont du Covet. Encore couverte de feuilles mortes, la piste qui y mène est plaisante. Le pont en pierre, construit en 1767 par les Bernois, relie Chêne-Pâquier à Chavannes-le-Chêne. Il a remplacé une succession de ponts de bois, dont une première mention remonterait à 1468. De Chavannes-le-Chêne nous reprenons le même chemin jusqu’à la tour Saint-Martin avant d’entamer une large boucle qui passe par le village de Molondin.
Ici, peu d’ombre pour nous abriter du soleil si ce n’est un étroit corridor boisé traversant les cultures. Le sol violacé par un tapis de corydales bruisse de bourdons affairés. Un bruit de fond auquel s’ajoute l’envol furtif d’oiseaux. En tournant à droite à hauteur du cimetière de Molondin, nous rejoignons le sommet des gorges. Pour y plonger avec délectation tant le calme qui y règne est bienfaisant. Nous franchissons alors plusieurs ruisselets latéraux avant d’atteindre le fond du vallon. Les eaux limpides du ruisseau du Flonzel font la jonction avec le ruisseau des Vaux quelques centaines de mètres en aval. L’heure tourne et le soleil pénètre maintenant en oblique dans le sous-bois. De violents contre-jours soulignent le contour de branches moussues. On croirait voir les multiples bras d’un être extraordinaire, sorti d’un livre de contes et légendes, alors que des papillons se prennent pour des feux follets. Ce lieu serait-il enchanté ? Peut-être. Peu de temps après le départ de notre balade, un sentiment de bien-être nous a envahi. Il nous a accompagné tout au long de ce périple à travers bois et campagne.

Texte(s): Daniel Aubort
Photo(s): Daniel Aubort/Infographie Pascal Erard

infos pratiques

Y aller

En transports publics
Arrêt d’Yvonand sur la ligne CFF Yverdon-les-Bains – Fribourg. Le départ de la balade se situe à 1,5 km sous le viaduc de l’autoroute. Ligne de bus entre Chavannes-le-Chêne, Chêne-Pâquier et Yvonand.

En voiture
Sortie Yverdon-les-Bains Sud sur l’autoroute Lausanne-Berne. Prendre la direction d’Estavayer-le-Lac par la route cantonale. À Yvonand, tourner à droite en direction de Molondin, puis suivre la petite route menant sous le viaduc autoroutier (1,5 km d’Yvonand). Quelques places de parking 100 mètres avant les arches du viaduc (se garer sous le pont est amendable).

Le parcours

Beau parcours très diversifié dans ses paysages et sources d’intérêt (gorges, faune, ruines et ponts historiques). D’une longueur de 12 km et d’un dénivelé de +/- 300 mètres, comptez 3 h 15 pour cette marche de difficulté moyenne. Chemin glissant dans les gorges du vallon des Vaux. Bonnes chaussures et boisson conseillées. Carte de l’OFT au 1:25 000 No 1203 Yverdon-les-Bains.

Se restaurer

Restaurant de l’Hôtel-de-Ville de Chavannes-le-Chêne. Cuisine de saison, poissons du lac, plat du jour. Fermé le dimanche dès 14 h et le lundi. Tél. 024 430 11 91.

Se renseigner

Office du tourisme d’Yvonand/Vallon des Vaux: www.yvonand-tourisme.ch