vaud, Mont-de-Chamblon

Balade guidée avec «Léo» le bœuf

C’est un compagnon pour le moins original qui nous fait découvrir une balade des plus bucolique dans la campagne du Nord vaudois. Le bœuf «Léo» se révèle un guide parfait.

Sur le quai de la gare d’Yverdon-les-Bains, un animal pour le moins inhabituel nous attend ce jour-là. Léo, un solide bœuf âgé de 15 mois, est chargé de nous guider. Accompagné de son bouvier, Gaëtan Dübler, qui le dirige, il va nous emmener sur un itinéraire varié, entre ville et campagne. Nos pas nous emmènent tout d’abord à travers les rues anciennes jusqu’à la place Pestalozzi. Il est difficile d’être discret en compagnie de Léo, qui suscite immanquablement la curiosité. Les passants nous abordent, veulent photographier le curieux équipage et prennent des nouvelles du bœuf, qui est très populaire dans la région, à force de l’arpenter. Impossible dans ces conditions de poursuivre l’excursion à un rythme régulier. «Se balader avec Léo n’est jamais anodin, confirme Gaëtan ­Dübler. Grâce à lui, j’ai rencontré des gens qui ne m’auraient jamais abordé dans d’autres circonstances. La plupart des personnes connaissent son nom, mais pas le mien.» Ce biologiste, au bénéfice d’un master en journalisme scientifique, a choisi de remettre au goût du jour une pratique millénaire. Désireux d’accorder son mode de vie à ses convictions, le trentenaire accompagne désormais les randonneurs avec son bœuf et effectue du transport de marchandises, notamment pour la brasserie de la Concorde, à Vallorbe (VD), la première romande certifiée bio. Léo est un hinterwald, la plus petite race d’Europe centrale, qui a également été sélectionnée à l’origine pour ses capacités de travail. «La relation qui nous lie est unique. Léo refuse de travailler avec quelqu’un d’autre que moi.» L’architecture de la vieille ville d’Yverdon nous rappelle qu’à une époque pas si éloignée, son centre regorgeait d’écuries abritant du bétail. Peu à peu, nous quittons les faubourgs. Le contraste est alors saisissant. Si Yverdon-les-Bains bruissait de passants et de véhicules, nous avons l’impression d’être seuls au monde en suivant la rivière le Mujon.

Il porte le casse-croûte de midi
Léo avance d’un bon pas, lorgnant parfois l’herbe. Sur son dos, il porte des caisses de bât qui contiennent notre pique-nique, ainsi qu’une brassée de foin pour le récompenser à la pause de midi. Nous suivons un tracé rectiligne dans la plaine. Si cette longue ligne droite pourrait paraître monotone, il n’en est rien. Nous goûtons à un sentiment d’espace. Ici et là, les alignées géométriques d’arbres ajoutent à cette atmosphère particulière. Au loin, nous apercevons la colline de Chamblon et, en ­arrière-plan, la chaîne enneigée du Jura.
Indéniablement, la présence de Léo augmente le plaisir éprouvé lors de cette balade. «C’est un personnage, qui a toujours plein d’idées à proposer, s’enthousiasme Gaëtan Dübler. Doté d’une excellente mémoire, il se rappelle les lieux de pause et les raccourcis empruntés.» Le bœuf, qui perçoit son environnement différemment, nous incite à poser un autre regard sur le monde qui nous entoure. Au loin, deux chevreuils s’arrêtent pour nous observer, avant de poursuivre leur course à travers les terres nues d’un noir profond. Nous apercevons le village de Suscévaz tout proche, avant d’atteindre Mathod, admirant le clocher qui coiffe le collège.
Après avoir goûté aux étendues plates de la plaine, une montée nous emmène à Champ­vent. Pâturages et vignes succèdent aux champs cultivés, tandis que le Mont-de-Chamblon offre à notre regard sa pente boisée. Au bout du chemin, le château fort de Champvent, dont l’origine remonte au XIIIe siècle, dresse sa silhouette imposante. Flanqué de quatre tours rondes, il a été construit selon le principe du carré savoyard. À l’époque où il était en activité, il n’était pas rare que les ancêtres de Léo soient utilisés comme animaux de travail pour le transport ou aux champs. Nos pas nous emmènent ensuite à Montagny-­près-Yverdon, avant de rejoindre Yverdon et de terminer ainsi notre boucle autour du Mont-de-Chamblon. Infatigable, le bœuf a effectué avec allant cette randonnée. Mais il est temps d’étancher sa soif! Une fontaine fera l’affaire. Quant à nous, nous dégustons l’une des bières que Léo a l’habitude de transporter pour le compte d’une brasserie

Texte(s): Véronique Curchod
Photo(s): Véronique Curchod/infographie Pascal Erard

infos pratiques

Y aller

En transports publics
Arrêt CFF à la gare d’Yverdon-les-Bains, bien desservie plusieurs fois par heure.

En voiture
De l’autoroute A1, sortie Yverdon-Sud ou de l’A5 sortie Yverdon-Ouest, puis prendre en direction du centre. Grand parking à la gare au point de départ de la balade.

Le parcours

Randonnée facile en boucle, sans aucune difficulté, de 5 h environ. Dénivelé faible de +/-150 mètres. Possibilité de raccourcir le parcours de moitié en prenant au retour le car postal à Mathod, 1 à 2 bus par heure. Horaire sous  www.postauto.ch. Cartes de l’OFT au 1 :25 000 Yverdon-les-Bains et Grandson.

Se restaurer

Multiples restaurants à Yverdon.
À Mathod, Restaurants Le Bras-d’Or, ouvert tous les jours, tél. 024 459 13 74, et La Croix fédérale, ouvert du mardi au samedi, tél. 024 459 17 23.

Notre guide

Gaëtan Dübler propose des randonnées accompagnées de un à trois jours avec son bœuf Léo, à partir de la gare d’Yverdon-les-Bains. Autres départs possibles. Tél. 078 909 79 27, www.LeCheminDeCompostelleAvecUnBoeuf.com