fribourg, Dent-de-Lys

Balade sur la crête sauvage du Haut-Intyamon

Haute barrière rocheuse qui sépare la vallée de l’Intyamon du bassin de la Veveyse, le massif de la Dent de Lys est un cadre naturel d’exception.

À Terraula-Davau, où nous laissons notre véhicule, lever la tête et regarder vers le haut ne suffit pas pour apercevoir le point culminant de notre escapade du jour. Eau en suffisance et provisions dans le sac à dos, cette belle journée d’août s’annonce d’autant plus chaude qu’un dénivelé de 600 mètres nous attend pour rejoindre le col de Lys. Lors de cette approche, le sentier longe la ligne frontière du district franc fédéral de chasse de la réserve de la Dent-de-Lys. Notre attention sera sûrement détournée de l’effort par la riche biodiversité signalée. Au passage, quelques plantes retiennent déjà notre regard. De jeunes orties et de l’épinard sauvage poussent à foison. Largement de quoi faire de délicieuses soupes. D’autres espèces sont plus décoratives, comme l’œillet superbe aux étranges pétales laciniés ou la menthe à longues feuilles aux fleurs violacées.
Juché sur une épaule du terrain, l’alpage d’En Lys jouit d’une belle situation dominante. Prêts à se mettre en chemin pour clôturer une nouvelle parcelle de pâturage, ses jeunes gardiens sont entourés d’une ribambelle de chèvres. Pour notre part, moins d’une demi-heure est encore nécessaire pour rejoindre le col de Lys. Depuis ce passage qui conduit aux Paccots, la vue s’ouvre largement sur le paysage collinéen de la Veveyse. Pour admirer la Dent-de-Lys, il va falloir grimper plus haut. Du col, elle reste invisible.

Une réputation de traîtresse
Afin que cette randonnée reste à la portée du plus grand nombre, nous avons renoncé à gravir le sommet de la Dent-de-Lys qui requiert une bonne expérience. Son approche d’apparence assez facile est en effet trompeuse. La montagne est connue pour la dangerosité des escarpements rocheux et des pentes herbeuses à forte déclivité qu’il faut franchir. Notre point culminant sera donc la magnifique corniche de Mys-­Derrey, qui la précède. Très vite, l’imposante Dent-de-Lys se dresse face à nous. Le panorama qui l’entoure est lui aussi splendide. Sur la gauche, la crête qui relie le sommet de Teysachaux au Moléson fait songer à une longue échine dorsale. À l’est, le regard plonge dans la combe de Vudèche survolée par un épervier et des faucons crécerelles. Ce milieu est aussi propice aux chamois. Ils étaient nombreux, ce jour-là, à se reposer dans l’ombre de grands sapins.
De retour En Lys, nous gagnons une nouvelle fois de la hauteur pour rejoindre le lieu-dit Chenau. Il vaut la peine de prendre son temps pour traverser le champ de lapiez séparant les deux chalets. Inaccessibles pour le bétail, de grandes roches polies et creusées de mille trous regorgent de fleurs. Oiseaux, insectes, reptiles et mammifères trouvent refuge dans ce socle calcaire qui renferme aussi des fossiles. Notamment les rostres de bélemnites. Prisonnières de la pierre, ces formes fuselées comme des balles de fusil sont l’unique vestige de céphalopodes vieux de 100 millions d’années. Une large piste caillouteuse nous ramène alors en direction de la vallée. D’abord jusqu’au chalet d’alpage du Creux. Puis à celui de la Chia, repère bien visible en contrebas d’un tracé mal balisé qui se perd un peu dans le pâturage. Fuyant le long d’une paroi rocheuse, un étroit sentier nous ramène finalement, lors d’un large demi-cercle dans le joli vallon ombragé du Flon, jusqu’à notre point de départ de Terraula-Davau.
Et les fameux bouquetins de la Dent-de-Lys, me direz-vous? Par cette grosse chaleur, ils n’ont pas daigné se montrer, certainement bien tranquilles à flemmarder dans des coins qui nous sont inaccessibles. Et c’est bien dommage, car l’un d’entre eux est vraiment singulier avec son pelage blanc. N’attendez pas l’hiver pour tenter de l’apercevoir.

Texte(s): Daniel Aubort
Photo(s): Daniel Aubort/Infographie Pascal Erard

infos pratiques

Y aller

En transports publics
Le transport public le plus proche est la station des Sciernes d’Albeuve sur la ligne du MOB (Montreux-Oberland-Bernois) d’où il faut compter 3 heures de marche pour atteindre le col de Lys.
En voiture
Sortie Bulle sur l’autoroute Vevey-Berne. Prendre la direction de Château-d’Œx. À Albeuve suivre à droite la route juste après le pont sur la Marive et rejoindre Terraula d’Avau (6 km) qui est l’entrée au district franc de la Dent-de-Lys. Quelques places de parc à côté du panneau de la réserve.

Le parcours

Parcours de difficulté moyenne de 3 h 30 effectives de marche, pour une longueur de 10 km et une dénivelé de +/- 560 m. Carte de l’OFT au 1:2500 No 1244 Châtel-St-Denis.

Se restaurer

L’Auberge de l’Ange, route de l’Intyamon à Albeuve. Cuisine de tradition aux saveurs locales. Fermé le lundi et le mardi soir. Tél 026 928 11 13.