fribourg, Broye fribourgeoise

Paisible balade entre terre et eau

Sur la rive sud du lac de Neuchâtel, les grèves d’Ostende et de la Motte sont un havre de paix pour l’homme autant qu’un refuge pour la faune. Ce littoral réserve de belles surprises aux randonneurs.

À l’aube de ce jour de juin, les voiliers sont encore tous alignés, immobiles sur le plan d’eau lisse du port de Gletterens. Un sentier en boucle fait le tour de ce site à l’abri des turbulences du lac de Neuchâtel. D’un ponton, nous observons que l’activité des oiseaux des marais est déjà intense. Un groupe de panures à moustaches – espèce emblématique des lieux – cherche sa nourriture sur la digue de rondins qui protège la plage. Des appels soutenus nous accompagnent ensuite dans la longue rectiligne qui relie Gletterens à Portalban à travers bois. L’un d’eux est bien connu: celui du coucou. De la haute futaie provient aussi l’appel flûté du loriot. Des jumelles permettent d’entrevoir un mâle. Exotique, l’animal, tant par sa livrée jaune et noir – un parfait camouflage – que par ses mœurs migratoires! L’espèce reste à peine trois mois chez nous, le temps de nicher, avant de rejoindre ses quartiers africains. Des effluves nous parviennent aussi par vagues. Au lever du jour, renards et sangliers ont déjà regagné le couvert, ne laissant derrière eux que leurs fortes traces olfactives.
Peu après Portalban, des passerelles de bois succèdent à l’alignée de maisonnettes bordant le lac. Notre attention est retenue par des taches violacées qui tranchent sur le vert dominant. En juin, le rare orchis des marais est en pleine floraison. Dans notre pays, cette orchidée se cantonne aux rives des lacs de Bienne et de Neuchâtel. Plus loin, une autre orchidée rose attire l’œil. Le dessin des fleurs et un feuillage dressé d’un vert pâle uniforme nous permettent d’identifier l’orchis incarnat. Les profondes empreintes laissées par un tracteur venu faucher la roselière sont remplies d’eau. Ce paysage ouvert est idéal pour suivre le nerveux ballet de l’anax empereur, la plus grande de nos libellules. Ou le passage éclair de la cordulie bronzée, autre espèce de la famille dont les va-et-vient ininterrompus font le désespoir des photographes.

Rester à l’écoute de la nature
Installés sur une souche, à l’abri des ardeurs du soleil, nous profitons d’un endroit tranquille pour nous désaltérer et admirer les rives neuchâteloises du lac qui nous font face. Nous restons à l’écoute de la roselière. C’est au travers de leurs appels que bien des oiseaux se trahissent dans ce milieu touffu. Le trille d’une rousserolle effarvatte, un passereau qui construit un nid amarré à des tiges de roseaux, fait ainsi écho au plongeon d’un martin-pêcheur. Nos bonnes chaussures montantes nous avaient laissé penser que l’étroit sentier, non entretenu mais autorisé, permettant de revenir en boucle sur Portalban resterait praticable. Essai tenté, mais belle erreur – nous avions été prévenus en cours de route! Pas de doute des bottes sont indispensables pour franchir les quelque 700 mètres de cette jungle inondée. Contraints de rebrousser chemin, nous faisons en contrepartie des rencontres qui avaient échappé à notre attention à l’aller. Dans ce paysage élégant de pins bordé de roseaux, nous admirons le subtil dessin du revers des ailes du petit sylvain, un papillon qui affectionne les forêts ombragées. Plus loin, un crapaud sonneur fait la planche dans une gouille. Puis, le port de plaisance de Portalban en point de mire, c’est une étrange roucoulade jaillissant du taillis qui nous fige sur place. Mieux connu pour ses vocalises mélodieuses que par ce signal d’alarme destinée à prévenir ses jeunes d’une menace potentielle, un rossignol nous observe depuis les branches basses d’un arbuste. En quittant le port pour rejoindre le village de Gletterens, une bâtisse du village lacustre reconstitué nous rappelle que l’homme du néolithique se plaisait déjà dans cette région.

Texte(s): Daniel Aubort
Photo(s): Daniel Aubort/Infographie Pascal Erard

infos pratiques

Y aller

En transports publics
Arrêt de Domdidier sur la ligne CFF Yverdon-Morat puis service de bus pour Gletterens-Lac. Le port de Gletterens est à 15 minutes à pied du village.
En voiture
Sortie Payerne ou Avenches (direction Saint-Aubin, Vallon) sur l’autoroute Yverdon-Berne. Rejoindre Gletterens, puis suivre le panneau «village lacustre» qui mène au port. Grand parking payant.

Le parcours

Parcours facile. Comptez 2 h 45 de marche pour 12 km et un dénivelé inférieur à 10 mètres.

Se restaurer

Situés tous deux sur le port, avec cadre agréable et terrasse, le Restaurant La Salamandre, à Portalban (tél. 026 677 15 43), et le Restaurant du Cygne, à Gletterens (tél. 026 667 10 80).

Se renseigner

Office de tourisme: www.estavayer-payerne.ch; Village lacustre de Gletterens:
www.village-lacustre.ch