valais, Val d'Anniviers

Balade à la découverte des entrailles du glacier de Zinal

Au fin fond du val d’Anniviers, les rudesses de l’hiver façonnent des cavernes glaciaires qui changent d’apparence chaque année. Découvrez la magie de la glace, ses lueurs bleutées, ses stalactites et ses drapés!

Le contraste est saisissant. Tandis que dehors, le froid nous pique les joues, à l’intérieur de la cavité glaciaire l’air est doux. «Paradoxalement, il fait plus chaud sous la glace qu’à l’extérieur, nous fait remarquer notre guide, Stéphane Albasini. Ici dans la voûte terminale du glacier de Zinal, on est protégé du vent.» À la faveur des températures hivernales, les parois polies offrent d’incroyables lueurs bleutées, des stalactites cristallines et des draperies. À travers la glace translucide, on aperçoit des myriades de bulles d’air prisonnières de l’eau solidifiée: l’air d’il y a près de cinq cents ans, selon les estimations.
De décembre à mars, si les conditions d’accès au fond de la vallée le permettent, ces cavernes glaciaires sont une curiosité du val d’Anniviers. Guide de montagne, Stéphane Albasini emmène chaque semaine les randonneurs à leur découverte. «Je les ai trouvées un peu par hasard en 1996. On passait souvent devant ces trous, mais sans y prêter attention. Il y a vingt ans, j’avais plutôt envie de grimper des sommets», raconte avec humour l’Anniviard.
En été, les lieux sont difficilement accessibles, voire dangereux. La Navisence, torrentueuse, est scabreuse à traverser. Le pont, refait à neuf l’an dernier, témoigne de ses sautes d’humeur. À la faveur du dégel, les moraines latérales lâchent leurs éboulis. Des éboulements sont aussi à craindre à l’entrée de la voûte glaciaire. De plus, le débit des eaux de fonte y est trop fort pour oser s’y risquer. L’hiver, au contraire, confère toute sa beauté au lieu qui est alors accessible avec un guide. Chaque année, la configuration des galeries varie et permet de pénétrer plus ou moins loin sous la glace.

Arabesques glacées
La progression vers le glacier débute à la sortie du village de Zinal par la vaste et large plaine de la Lé, arpentée par les skieurs de fond. Puis un chemin grimpe à flanc de coteau, en direction de la cabane du Petit-Mountet. La vallée se resserre, témoignant d’un ancien verrou glaciaire. En 1860, la glace atteignait ici son point le plus bas. Une croix témoigne des processions que les habitants faisaient pour conjurer son avancée. Depuis, elle a considérablement reculé. Ne témoigne de la grandeur passée du glacier que le tracé des moraines contre les flancs de la vallée.
En cette fin décembre, seuls cinq minces centimètres de neige recouvrent le paysage, mais les basses températures nocturnes ont sculpté sur les falaises d’impressionnantes cascades de glace. L’air est pur, net. Au-dessus de nous plane, sans bruit, un couple d’aigles. Juste en dessous de la cabane du Petit-Mountet, on croise les gardiens, ­Myriam et Marc-André Repond. Ils y sont montés à motoneige afin de faire quelques préparatifs. Cet hiver, le refuge sera ouvert aux visiteurs en fin de semaine.
Nous quittons quant à nous le chemin pour remonter le cours de la rivière. Le gel en fige les rives, dessinant des arabesques autour des galets. Suivant notre guide, on se rapproche de la langue de glace en déambulant entre les roches. «Les pierres plutôt arrondies se trouvaient en dessous. Elles se sont érodées les unes contre les autres sous l’action et le poids de la masse de glace», précise Stéphane Albasini. De gros blocs portent les stries caractéristiques du passage de cette masse formée par le tassement d’innombrables couches de neige. D’une longueur de 7 kilomètres, le glacier de Zinal s’étire au pied du Besso, de la Dent-Blanche et du Grand-Cornier. Depuis 1980, date des premiers relevés, il a perdu près de 1700 mètres de longueur, selon le réseau suisse des observations glaciaires.

Texte(s): Marjorie Born
Photo(s): DR/Infographie Pascal Erard

infos pratiques

Y aller

En transports publics
Depuis Sierre, car postal No 451 jusqu’à Vissoie, puis car No 453 jusqu’à Zinal.
En voiture
Autoroute A9 en direction de Sierre, sortie 29 Sierre Est, puis direction val d’Anniviers, Zinal.

Le parcours

La balade doit se faire en compagnie d’un guide, le chemin n’étant pas balisé. L’itinéraire monte en pente douce (6 km, 400 m de dénivelé), sans difficulté technique. Chaussures étanches et bâtons de marche requis. Selon l’enneigement, les raquettes à neige sont indispensables. Compter 4 h de marche aller-retour.

Se restaurer

Auberge Alpina, 3961 Zinal, tél. 027 475 12 24, www.auberge-alpina.ch. Horaires d’ouverture variables en hiver. Quelques chambres à louer. En chemin, il est possible de faire un détour par la cabane du Petit-Mountet, ouverte les vendredis, samedis et dimanches.
À convenir avec le guide. www.petitmountet.ch

Se renseigner

De mi-décembre à mi-mars, selon les conditions, des balades sont prévues les mardis et jeudis entre 9 h 30 et 16 h. Visites possibles les autres jours sur demande. Réservations: Stéphane Albasini, tél. 078 664 75 63,
www.montagne-evasion.ch. www.valdanniviers.ch