vaud, Roche

Balade entre forêts, falaises et Eau-Froide

Si le sentier menant de la plaine du Rhône à la Joux-Verte est plutôt abrupt, ce vallon recouvert en grande partie d’une forêt dense récompense le marcheur par son atmosphère particulière et ses vestiges historiques.

Prendre de la hauteur, depuis Roche (VD), c’est se frotter à la brutalité géologique qui apparie ici la plaine du Rhône et les Préalpes. Une grimpette plutôt costaude: il s’agit de franchir une barrière rocheuse d’un kilomètre de haut, dont la carrière entame la verticalité en la creusant de ses strates caractéristiques; quelques points de vue spectaculaires permettent de l’admirer en soufflant un peu. Ensuite, le chemin s’apaise et épouse le tracé du sentier découverte de la Joux-Verte, ne s’écartant pas de l’axe de l’Eau-Froide et empruntant des passerelles de bois de facture et de style variés. Un beau contraste qui en recouvre un autre, celui de l’exploitation de la pierre, côté aval, et de celle du bois, en amont. Le grand intérêt de cette belle balade peu fréquentée est d’en offrir de multiples traces historiques, comme le barrage-écluse du XVIe siècle ou l’ancien système de transport de bois par câble.

étapes

1. Carrières

Pas besoin de chercher très loin l’origine du nom de la ville: de l’Ancien Régime au XXe siècle, les marbres de Roche s’exportaient dans toute la Suisse et même à l’étranger. Et dès 1896, c’est le calcaire qui fut exploité pour la fabrication de ciment, servant notamment à l’édification des barrages du Valais tout proche.

2. Pâturages

L’alpage de la Veillarde et celui du Grand-Chalet, à quelques dizaines de mètres en amont, sont les seuls tronçons de la balade où la canopée ne dissimule pas le ciel. La vue sur le Léman et la plaine du Rhône y est spectaculaire. On peut également y accéder de la route reliant Corbeyrier à l’Hongrin via Luan.

3. Barrage-écluse

Construit en 1695, l’ouvrage servait au transport du bois utilisé en plaine pour l’industrie saline: lorsque les vannes étaient ouvertes, les troncs entassés au pied de l’édifice étaient précipités en plaine sur le flux libéré brusquement et tombaient dans un bassin de réception, 900 m plus bas. Cette méthode spectaculaire a pris fin deux siècles plus tard, en 1896, et le barrage s’est effondré en 1945, avant d’être partiellement restauré.

4. Ruine et rouille

Visant également à acheminer les grumes de la Joux-Verte à Roche, un téléphérique mû par simple gravité a fonctionné du début du XXe siècle à 1964. La cabane
de Belle-Place abrite encore la roue de guidage du câble, tandis que d’autres vestiges sont visibles dans la forêt.

5. Pont aérien

Au lieu-dit pont d’Egras, la rivière a creusé de profondes gorges verticales où elle se projette en cascades dissimulées par la forêt omniprésente et en gouilles tentatrices, mais quasiment inaccessibles. La descente sur Roche prend ensuite une quarantaine de minutes.

Texte(s): Blaise Guignard
Photo(s): Blaise Guignard

infos pratiques

Y aller

En voiture
Autoroute A9 sortie 16 (Villeneuve). Parking dans le village.
En transports publics
Car postal depuis les gares CFF d’Aigle ou de Villeneuve.

Le parcours

Sentier de montagne, escarpé entre Roche et Plan-­Girard (signalétique rouge et blanc) ainsi qu’entre le pont d’Egras et Roche. Passages proches de la falaise bien signalés, mais le parcours n’est pas à faire avec de jeunes enfants! 14,9 km au total, 1233 m de dénivelé positif et autant de négatif. Compter 6 h. On peut également accéder à la Joux-Verte en voiture de Roche; la balade est alors écourtée de moitié et presque à plat.

Se restaurer

Pique-nique dans le sac indispensable: pas de buvette sur le parcours… Mais
possibilité de remplir la gourde aux nombreux affluents de l’Eau-Froide !

Se renseigner

Descriptif partiel sur www.agittes.ch; itinéraire complet: carte pédestre MPA 1:25 000 Aigle-Leysin-Col des Mosses