vaud, Château-d’Œx

Balade en vélo électrique pour découvrir les charmes du Pays-d’Enhaut

Le VTT électrique est un moyen privilégié pour sillonner les reliefs vallonnés des environs de Château-d’Œx (VD). Une boucle balisée nous mène à travers un paysage bucolique jusqu’à Rossinière et Rougemont.

En contrebas, Château-d’Œx s’éveille, baigné dans un rayon de soleil matinal. Cela fait quelques minutes à peine, nous avons quitté le centre du village vaudois, niché entre les deux versants d’une vallée verdoyante que se partagent pâturages et forêts d’épicéas et, déjà, la rumeur de la circulation s’estompe. Il faut dire que pour une fois, nous ne nous promenons pas à pied, mais à vélo. Mieux encore: à vélo électrique. Autant dire que le petit moteur logé dans le pédalier de nos montures est d’une aide précieuse dès les premiers instants de notre escapade, l’itinéraire que nous suivrons aujourd’hui débutant par une bonne mise en jambes faite de 200 m de dénivelé positif. Rayonnant depuis Château-d’Œx, cette boucle d’un peu plus de 30 km nous permettra de découvrir une bucolique vallée au rythme de nos mollets.

D’abord maîtriser la bécane
Un bouton pour allumer notre VTT, un autre pour choisir le degré d’assistance souhaité, du sobre «éco» au prometteur «turbo»: les explications reçues devant le magasin de sport où nous avons loué nos montures pour la journée ont été rapides. Car rien ne vaut la pratique pour maîtriser l’engin, et c’est une fois en selle, sur les pavés de la rue centrale puis entre les chalets fleuris qui parsèment les hauteurs du village, que nous faisons nos expériences. La sensation est étonnante: au moindre coup de pédale, le vélo bondit vers l’avant avec une puissance inattendue. En montée, nous apprenons à gérer notre effort pour optimiser la pression sur les pédales et profiter pleinement de l’assistance électrique. Une petite icône affichée sur l’écran annonce une batterie chargée à bloc, nous voilà prêts à partir à l’assaut du Pays-d’Enhaut! Rapidement, la route goudronnée cède la place à un chemin carrossable. Le bruit des pneus crissant sur le gravier couvre vite le discret bourdonnement du moteur électrique qui accompagne notre progression à flanc de coteau. Un obstacle se profile à l’horizon: un passage canadien, ou bovistop. Indissociable des routes alpines, on le remarque à peine lorsqu’on le franchit à pied ou en voiture. Mais qu’en est-il lorsque l’on est assis sur un VTT dont les pneus pourraient facilement se coincer entre les tubes métalliques de l’ouvrage? Il est trop tard pour se poser des questions: lancés à bonne vitesse, nous tenons fermement nos guidons et… passons sans encombre.

De placides génisses blasées
Plus loin, nous mettons pied à terre le temps qu’une dizaine de génisses occupées à ruminer au beau milieu de la route daignent à contrecœur nous céder le passage. Puis l’aventure continue, rythmée par les innombrables portails qui parsèment l’itinéraire et qui, à chaque fois, nous forcent à porter notre vélo. Mais ces pauses sont aussi l’occasion d’admirer le panorama. Sous un ciel d’un bleu profond, la vallée s’étire paresseusement au fil de la Sarine.
À l’ombre de la forêt, nous partons crânement à l’assaut d’une montée dont la déclivité aurait de quoi décourager un porteur de maillot à pois. Le miracle opère: distillant juste ce qu’il faut de puissance pour épauler notre effort, les vélos nous portent vers l’alpage qui apparaît, tout là-haut, dans une trouée des arbres. Reste à conserver son équilibre sur un engin alourdi par son équipement électrique, et dont la roue arrière a une fâcheuse tendance à patiner sur les racines ou les pierres lisses: les tronçons les plus raides mettent le cycliste à rude épreuve, et nous sommes en nage à l’heure d’aborder la descente vers Rossinière.

En remontant la Sarine
Sans aller jusqu’au lac du Vernex – une variante de l’itinéraire prévoit de le contourner –, nous traversons le village de Rossinière pour rejoindre la Sarine et reprendre la direction de Château-d’Œx. Commence alors une partie de cache-cache avec la rivière. Au fil de cette remontée en pente douce, nous cédons, sans le moindre sentiment de culpabilité, à la tentation lorsque nous découvrons une esplanade de galets qui invite à tremper les pieds dans l’eau. Le sentier caillouteux qui longe la Sarine est prisé des promeneurs et des cyclistes, électrifiés ou non. Bruissement de l’eau et cris de joie des enfants donnent à ce moment suspendu dans le temps une paisible atmosphère de vacances. Voilà soudain le pont Turrian qui se dessine au loin. Construit en 1883, l’ouvrage tendu à travers la Sarine est le plus ancien pont suspendu de Suisse romande. Enhardis par la quinzaine de kilomètres que nous avons déjà dans les jambes, nous nous lançons crânement sur le passerelle qui se balance légèrement au-dessus des flots. Et notre progression se poursuit en pente douce vers Gérignoz. Un sifflement nous fait lever la tête: c’est le MOB, dont les wagons bicolores ondulent au fil de la vallée, détail pittoresque qui ne fait que compléter le décor de carte postale dans lequel nous pédalons.
Une descente abrupte, un ultime pont qui enjambe les gorges et nous atteignons Rougemont, le point le plus oriental de l’itinéraire.

Un petit coup d’accélérateur
Après une pause bienvenue sur l’une des charmantes terrasses qui agrémentent le village, nous nous remettons en selle pour la dernière étape de notre périple. Un rapide coup d’œil à l’écran: la batterie est encore quasiment pleine alors qu’il ne nous reste plus qu’une poignée de kilomètres à parcourir. Nous ne résistons donc pas au plaisir de tester le mode «turbo», fonçant avec l’enthousiasme d’un jeune pur-sang sentant proche l’écurie sur la petite route qui remonte en direction du coteau ensoleillé. Goudron, gravier, terre battue, portails, passages canadiens, tracteurs en plein travail dans les prés et vaches nonchalamment installées à la lisière du bois, le paysage commence à nous être familier. Ici et là, de vénérables granges se dressent sur les pâturages. Leurs madriers blanchis par le vent et le soleil rappellent que certains de ces édifices ont vu passer des centaines d’hivers, résisté à autant de tempêtes et abrité les bêtes et le fourrage des générations d’agriculteurs qui ont contribué à forger le caractère de cette vallée. Sous la main, le bois est rugueux, tiédi par le soleil qui, à mesure que la journée avance, se cache de plus en plus souvent derrière des nuages sombres. Une dernière montée et voilà le temple de Château-d’Œx qui apparaît derrière un repli du terrain. Il ne nous reste qu’à redescendre la côte pour rejoindre le XXIe siècle et sa circulation. Mais nous retardons l’échéance de rendre nos VTT électriques en nous laissant rouler en silence dans les rues du village. Et si l’on repartait pour un tour?

+ D’infos www.chateau-doex.ch

étapes

Découpages XXL

De la poya à l’art contemporain, l’exposition en plein air «Le grand des marques» vous entraîne dans tout le village de Château-d’Œx à la découverte de cet art
traditionnel jusqu’en avril 2020.
+ D’infos www.chateau-doex.ch

Grimper au sommet

La nouvelle télécabine Rougemont-La Videmanette vous emmène au sommet en dix minutes. Avis aux fans d’escalade, de randonnée, de parapente ou de VTT!
+ D’infos Télécabine ouverte jusqu’au 18 août, www.gstaad.ch

Fromage au feu de bois

Assistez à la fabrication de fromage à pâte dure comme si vous étiez sur un alpage. Au Chalet, on travaille exclusivement avec du lait bio pour produire des meules qui seront affinées entre cinq et six mois.
+ D’infos www.lechalet-fromagerie.ch

Prenez de la hauteur

Situé au centre de Château-d’Œx, l’Espace Ballon propose de découvrir le ballon à air chaud sous toutes
ses coutures: histoire, technologie, aventure, tout y est réuni pour restituer l’univers des aérostiers.
+ D’infos www.espace-ballon.ch

Voyage hors du temps

Il se raconte que c’est au restaurant Le Cerf, à Rougemont, que l’on mange la meilleure fondue de la région. Un seul moyen de le savoir: aller découvrir cette enseigne à l’atmosphère authentique.
+ D’infos www.lecerfrougemont.ch

Douche naturelle

À mi-chemin entre Château-d’Œx et Gérignoz, la cascade du Ramaclé est prisée des promeneurs en quête de fraîcheur. Pont de bois et table de pique-nique en font un lieu de pause tout désigné.
+ D’infos www.chateau-doex.ch

Texte(s): Clément Grandjean
Photo(s): Clément Grandjean

infos pratiques

Y aller

En voiture
Par le col des Mosses, ou de Bulle en remontant la vallée de l’Intyamon.
En transports publics
En empruntant la ligne du Montreux-Oberland bernois (MOB).

Le parcours

Compter un peu plus de 4 h pour parcourir cette boucle longue de 30,41 km, signalée par des panneaux indiquant le numéro 593. Une bonne condition physique est nécessaire.

Se restaurer

On rencontre plusieurs restaurants le long du parcours. Pour acheter un pique-nique 100% terroir, on conseillera l’épicerie Chez Cali, à Rossinière, tél. 026 924 39 18.

Se renseigner

Pays d’Enhaut Tourisme, place du Village 6, Château-d’Œx, tél. 026 924 25 25.
Location de VTT électriques possible chez Planète Sports, www.planetesports.ch, tél. 026 924 00 21.