valais, Chamonix

Balade à ski sur le Mont-Blanc des dames

À un jet de pierre de la frontière suisse, le Buet offre une exceptionnelle vue sur le Mont-Blanc et les Alpes valaisannes. Culminant à 3097 m, il ravira les amateurs de sorties longues dans un cadre sauvage.

Commençons par mettre les choses au point: ce n’est pas parce qu’il fait 20 degrés en plaine que la saison de ski de randonnée est terminée. Au contraire, cette période de transition est idéale pour s’aventurer en haute montagne en profitant de la stabilité du manteau neigeux et des températures printanières.

Sur les traces des savants
Classique entre les classiques, le Buet a été surnommé le Mont-Blanc des dames, car il constitue un bon test pour les prétendants à la conquête de la plus haute cime d’Europe. Il faut dire que c’est une sacrée «bavante», avec 1750 mètres de dénivelé positif à faire d’une traite. Les frères Deluc, deux savants genevois, ont été les premiers à le gravir le 20 septembre 1770. Ils y ont calculé, entre autres, le temps nécessaire pour porter de l’eau à ébullition.
N’ayant d’autre velléité que celle de nous faire plaisir en gravissant un beau sommet, nous marchons néanmoins dans les pas de ces augustes pionniers. Connu loin à la ronde, le sommet attire nombre de Romands hiver comme été. En témoignent les plaques d’immatriculation valaisannes et genevoises des voitures stationnées sur le parking du hameau du Buet (F). À la hauteur des chalets de la Poya, une courte zone de portage donne à ce début de sortie un air de Camel Trophy. Cinq minutes plus tard, on chausse à nouveau les skis. Cette fois, c’est vraiment parti.

Gymkhana en forêt
La réserve du vallon de Bérard, que nous remontons en suivant le torrent, est un des coins les plus sauvages du massif des ­Aiguilles-Rouges. On y croise régulièrement bouquetins, chamois et lagopèdes. Le site est aussi un couloir de migration naturel pour les oiseaux et les insectes qui transitent, comme les skieurs du reste, entre le Valais et la France. En cette fin mars, l’enneigement est correct, même si peu abondant. En dessous de 2000 mètres, on doit parfois enjamber cailloux ou racines apparents. Après une heure et quart d’effort soutenu, on arrive en vue du gros rocher qui signale le refuge de la Pierre-à-Bérard, encore sous la neige.
La montée se fait plus raide. On enchaîne les conversions dans cette pente qui, tel un ascenseur, conduit à l’étage supérieur. Le coup d’œil sur les sommets des Aiguilles-Rouges dressés comme à la parade commence à être spectaculaire. Impossible de ne pas sortir l’appareil photo pour immortaliser le soleil qui vient de surgir au-dessus des arêtes finement dentelées! Parvenu en haut de cette bosse, on aperçoit enfin le sommet du Buet, qui semble encore bien éloigné malgré les plus de 1000 mètres de dénivelé déjà avalés.

À 3097 mètres, la révélation
Mais, comme le rappelle un skieur italien qui nous dépasse, «chi va piano va sano e lontano». Sans hâte, on poursuit la montée vers le col de Salenton. Le panorama s’ouvre encore, dévoilant d’un côté la quasi-totalité de la chaîne du Mont-Blanc, de l’autre les Fiz et les Aravis. Une excellente trace nous fait passer sous l’émetteur radio du Buet. Puis, au terme d’un faux plat interminable, on débouche enfin sur l’arête sommitale.
L’arrivée prend la forme d’une révélation: on abuse trop souvent des superlatifs. Ici, pour une fois, la vue à 360 degrés mérite vraiment le qualificatif d’extraordinaire! Trêve de réflexions, place au plaisir: 1750 mètres de descente dans une neige de printemps, parfaite à skier. Une heure plus tard, on est en bas. Devant une panachée, on se prend à rêver de nouvelles aventures. Et si, après celui des dames, on s’attaquait au vrai Mont-Blanc?

Texte(s): Alexander Zelenka
Photo(s): Alexander Zelenka/Infographie Pascal Erard

infos pratiques

Y aller

En transports publics
De Lausanne, train jusqu’au Châtelard-Frontière (changement à Martigny),
puis bus jusqu’au hameau du Buet (F).
En voiture
De Lausanne, via Martigny et le col de la Forclaz. De Genève, via Chamonix et le col des Montets. Parking gratuit à côté de la gare du Buet.

Le parcours

Dénivelé positif: 1750 m. Descente: idem. Cotation ski: S3. Les pentes au-dessus de la Pierre-à-Bérard chauffent vite, partir tôt. Attention aux éventuelles coulées sous l’Aiguille-de-Salenton. Sommet souvent corniché, ne vous approchez pas du vide. 6 h aller-retour.

Se restaurer

Prenez à boire et de quoi grignoter. L’Hôtel Buet propose des plats savoyards (reblochonnade, fondue, croûte) dans une ambiance montagnarde. Terrasse ensoleillée. Tél. 0033 450 54 60 05, www.hotelbuet.com

Se renseigner

Office de haute montagne de Chamonix, tél. 0033 450 53 22 08, www.chamoniarde.com

À noter

Nous recommandons de faire cette course avec un guide professionnel. Ou sous sa propre responsabilité après avoir consulté la carte du danger d’avalanche (www.chamonix.com). Equipement: détecteur de victimes d’avalanche, pelle, sonde, couteaux à neige. Carte de randonnée à skis No 282S (Martigny).