valais, Val d’hérens

Balade à skis, où on tutoie la haute montagne

Frôlant les 3000 mètres d’altitude, le Palanche de la Cretta est une des classiques du val d’Hérens. Même s’il est accessible aux skieurs moyens, car d’un faible niveau technique, le sommet se défend... et se mérite.

Remonter le val d’Hérens en voiture est en soi un dépaysement. Quelques virages en épingle suffisent pour oublier la plaine. Passé le village de Vex, la Dent-Blanche apparaît, majestueuse et intimidante. On change alors définitivement d’univers pour entrer de plain-pied dans celui de la montagne. Si cette vision a de quoi intimider, la température, elle, n’a rien d’austère en ces derniers jours de février, bien au contraire.
C’est même en T-shirt, et aussi quasiment au pas de course que nous quittons le parking des Lattes qui se remplit à vue d’œil malgré l’heure matinale, sous la conduite de Pierre-André Curchod, skieur de randonnée expérimenté et fin connaisseur de cette partie du Valais. Au total, nous compterons une bonne quinzaine de randonneurs à skis (et même un caniche!) ayant les mêmes visées que nous et confirmant, s’il le fallait vraiment, que le Palanche de la Cretta est bel et bien l’une des courses les plus populaires du val d’Hérens.

Comme des chamois
Mais attention, n’allez pas croire que la voie normale menant au sommet est une autoroute. On se retrouve vite seul sur ces larges pentes qui prennent tôt le soleil. Les sections les plus exposées sont d’ailleurs complètement dégarnies, laissant entrevoir de larges bandes d’herbe jaunie qui font le bonheur d’une harde de chamois. Nous les admirons un moment avant de repartir. Passé un premier groupe de chalets, la trace grimpe droit dans la pente, en suivant le cours de la Bornetta, qui doit couler quelque part sous la neige.
Avec régularité, nous continuons de nous élever jusqu’à la Remointse de la Cretta, où nous nous arrêtons pour faire une pause et remettre une bonne couche de crème solaire, car maintenant qu’on approche des 11 heures, ça commence à chauffer sérieusement! Comme par magie, le Cervin a fait son apparition dans le paysage. Mais aussi beau soit-il, il ne parvient pas à éclipser la Dent-Blanche, dont on distingue à présent la voie normale qui suit l’arête sud, appelée Wandfluegrat. On pense à l’écrivain français Maupassant qui, dans Le Horla, une nouvelle fantastique parue en 1886, lui avait trouvé un surnom sur mesure: la Monstrueuse Coquette.
Annonciateurs d’un changement de temps, plusieurs nuages lenticulaires s’enroulent comme des serpents d’ouate autour des sommets environnants. Nous repartons en direction du Palanche de la Cretta, qui se dérobe continuellement à notre vue. On croit le deviner, mais non, ce n’est qu’une antécime. Quelques conversions plus tard, il apparaît enfin et vingt minutes plus tard, nous parvenons au sommet.

Tête-à-tête avec le Cervin  
Que dire de la vue, puisque plus bas elle était déjà grandiose? Rien de plus, si ce n’est qu’à 2927 mètres d’altitude, on tutoie tous les sommets, y compris les plus élevés. Le Cervin n’est plus si grand, la Dent-Blanche plus si intimidante, le Weisshorn plus aussi colossal. On flotte dans le ciel avec devant nous les Alpes valaisannes à la parade.
Le soleil brille toujours fort. Il n’y a pas un souffle de vent. Nous fêtons notre ascension en partageant un thermos de thé. Plus bas dans la pente, les skieurs croisés ce matin se rapprochent. Il est temps de filer. La neige est lourde et collante. Sur les pâturages, on slalome carrément entre les zones herbeuses. Si la descente ne nous laisse pas un souvenir impérissable, nous ne pouvons nous empêcher de lorgner encore en direction des hauteurs. Il faudra absolument revenir. Il y a tant à faire dans ce beau val d’Hérens!

Texte(s): Alexander Zelenka
Photo(s): Alexander Zelenka/DR/Infographie Pascal Erard

infos pratiques

Y aller

En voiture
De Sion, suivre la direction val d’Hérens. Se garer au lieu-dit Les Lattes, après Les Haudères.
En transports publics
Train jusqu’à Sion, puis car postal pour Arolla avec changement aux Haudères (demandez au chauffeur de s’arrêter à La Coutaz).

Le parcours

Du parking, suivre le chemin sur une centaine de mètres puis remonter le vallon en passant par une première zone de chalets. Tirer à droite vers les Chottes de l’Étoile, rejoindre la Remointse de la Cretta, à l’altitude de 2394 mètres et, de là, remonter la croupe jusqu’au sommet. Dénivelé positif: 1120 m. Descente: idem. Pour l’aller-retour, compter entre 3 h 30 et 4 h 30 selon votre forme physique.

Se restaurer

Rien de mieux qu’un pique-nique au sommet si le temps le permet. Il est possible de s’approvisionner en produits régionaux chez Gusti, le sympathique épicier de La Forclaz. Pour une bonne fondue après la course: Le Grenier, route de Bréona, 1985
La Forclaz, tél. 027 283 22 92.

À noter

Nous recommandons de faire cette course avec un guide professionnel. Ou sous sa propre responsabilité, après avoir consulté la carte du danger d’avalanche (www.slf.ch) et s’être muni d’un appareil de recherche de victimes d’avalanche, d’une pelle et d’une sonde. Carte de randonnée à skis au 1:50 000 No 283S (Arolla).