neuchâtel, Val-de-Travers

Balade rafraîchissante

Entre le Val-de-Travers et la vallée de La Brévine, le relief collinéen du Jura se transforme en un vaste plateau sur lequel pâturages et forêts se disputent le terrain. Des lièvres y gambadent à proximité d’une glacière.

La brique pilée qui tapisse le sol au ­départ des Sagnettes annonce la couleur au randonneur. Le parcours qui nous mène à la glacière de Monlési peut s’avérer très boueux… Promesse tenue quelques centaines de mètres plus loin, mais qu’à cela ne tienne, les mares temporaires qui envahissent ici les creux du chemin recèlent une faune intéressante. On y découvre quelques tardifs têtards, des gerris (les fameux insectes patineurs) et même le triton, qui préfère se cacher dans la vase à l’approche de l’homme.
Un peu plus loin, dans un pâturage boisé, des orchidées ponctuent de leur teinte lumineuse les abords d’un sous-bois envahi par la mousse. On rejoint bientôt un panneau, planté au milieu d’une clairière, qui décrit le processus et les conditions nécessaires au maintien des glacières naturelles. Celle de Monlési est la plus grande que recèle le Jura. La vaste cavité, dont le fond est recouvert de neige à l’année, est située une centaine de mètres plus loin, en bordure du bois. Un passage sécurisé permet d’atteindre un premier palier de cette ouverture béante du sol et fait prendre conscience de l’impressionnant travail d’érosion de l’eau sur la roche calcaire. S’aventurer dans la grotte, dont on remarque l’entrée en contrebas, sans connaissances spéléologiques et sans matériel adéquat est toutefois risqué.
La glacière derrière soi, on se sent un peu désemparé par le manque d’informations sur les directions à prendre à partir de là. Si ce n’est celle des Sagnettes, ce qui nous ferait revenir sur nos pas. C’est donc par un chemin creux, bordant la lisière qui se prolonge sur la droite après la glacière, que l’on atteint en 30 minutes, et à l’issue d’un large demi-cercle, le domaine de la Petite-Charbonnière.

Des crêtes et des vallons
Le parcours prend momentanément de la hauteur, et le paysage une belle ampleur avec la succession de crêtes qui s’étendent à perte de vue. Dans le léger vallonnement où nos pas nous ont entraînés, un troupeau de vaches grises au pelage propre et luisant se tient derrière un mur de pierres sèches. Placides, les bêtes ruminent. Le mur abrite pour sa part une vie intense. Dans ses interstices se tiennent de jeunes lézards vivipares, de nombreux insectes. Des hermines et belettes pourraient bien s’y cacher aussi. Tout à côté, d’étroits feuillages gris-bleu sont disséminés dans une prairie riche de fleurs sauvages. Une surprise pour celles et ceux qui associent le très parfumé narcisse aux Préalpes uniquement. Une floraison à découvrir peut-être lors d’une visite plus printanière. Les aboiements de plusieurs chiens se déclenchent à notre approche du domaine de la Petite-Charbonnière où l’activité bat son plein. La piste bucolique que nous suivons, dont le centre a été épargné par les roues des engins agricoles, est transformée en jardin botanique miniature. Une petite splendeur.

Poursuite silencieuse
Après une courbe à angle droit, deux épicéas géants se dressent en sentinelles à un carrefour des pistes. À quelques pas, d’autres grands troncs coupés sont une invite à s’asseoir. Une bonne occasion pour prendre quelques notes qui serviront au texte de cette randonnée. Tâche rapidement interrompue par le passage surprise, pratiquement sous le bloc-notes, de deux lièvres se poursuivant sans un bruit. Un troisième individu se tient assis, quelques mètres plus loin. Le temps de prendre son portrait, il rebrousse chemin et disparaît dans le sous-bois. Une longue pente légèrement descendante nous ramène à la route qui relie Couvet à La Brévine. Déboulant par l’ouest, la colonne noire et menaçante d’un nuage hors norme s’élève haut dans le ciel. Trop tard pour nous rincer, cette très plaisante balade du jour est arrivée à son terme.

Texte(s): Daniel Aubort
Photo(s): Daniel Aubort

infos pratiques

Y aller

En transports publics Gare CFF  de Couvet puis service de car postal entre Couvet et La Brévine. Le départ  du chemin est à quelques mètres de l’arrêt des Sagnettes.

En voiture Sortie Orbe sur l’autoroute Yverdon-Vallorbe. Suivre Sainte-Croix, Buttes puis Couvet. Depuis Couvet, prendre la direction de La Brévine. Au sommet de la côte, places  de parc au lieu-dit les Sagnettes.  Le départ du chemin est situé entre  les dépôts de l’entretien des routes.

Le parcours

Parcours facile, en boucle de 6 km. À partir de la glacière de Monlési, suivre le chemin avec  un vieux balisage en rouge juste  en lisière de la forêt qui borde  le pâturage. Bonnes chaussures  conseillées, le chemin est boueux  par endroits. Prendre un pique-nique avec soi.  Carte au 1:25’000 de l’OFT:  No 1163 Travers.

Se restaurer

Restaurant de l’Aigle à Couvet. Plat du jour à 17 fr. 50. Ouvert 7/7 de juin à septembre.

Tél. 032 864 90 50.