berne, Série d'été

Via Alpina #2 En balade, seuls au monde entre Gstaad et Lenk

Jusqu’à fin août, les journalistes de «Terre&Nature» se relaient sur les sentiers de ce parcours à ­travers les Alpes. Au programme, randonner des Préalpes vaudoises au pied de l’Eiger, dans l’Oberland bernois.

Un peu de viande séchée du Saanenland, du fromage à rebibes, un pain paysan et puis tiens, encore ce petit bocal de courgettes au vinaigre… Au bout de la rue principale du village, la laiterie de Gstaad est le lieu idéal pour préparer le meilleur des pique-niques. Un dernier coup d’œil par-dessus l’épaule vers le palace, emblème de cette station huppée, et on se met en route. La Lenk est à sept heures de marche, il s’agit de ne pas traîner. On zigzague à travers les quartiers résidentiels en cherchant les écriteaux de la Via Alpina, plutôt rares au début de l’itinéraire. Mais après quelques hésitations, le cheminement se fait plus évident.
La Turpach, une jolie rivière qui fait entendre un murmure joyeux et rafraîchissant, nous sert de guide. Un panneau d’information nous apprend que la vallée de Turbach, que nous sommes en train de parcourir, était déjà habitée au XIVe siècle par quelques familles paysannes qui subsistaient en y faisant pousser blé, orge ou épeautre. La vie était rude et elle l’est restée. La vallée n’est d’ailleurs habitée qu’en été. La soif interrompt ces réflexions. Devant la buvette de Wintermatte, une fontaine providentielle nous permet de remplir nos gourdes d’eau fraîche. Devant nous, la vallée s’ouvre de plus en plus, donnant l’impression que le paysage a changé d’échelle. On remercie intérieurement les responsables de la Via Alpina d’avoir choisi ce passage si peu fréquenté pour nous conduire à La Lenk. Depuis la buvette, on n’a croisé pratiquement personne, hormis deux randonneurs et un paysan âgé affairé à planter des piquets autour de son alpage. Le sentier traverse à présent une zone marécageuse où les orchidées sauvages poussent par dizaines. On en profite pour faire une brève halte botanique et tester nos connaissances en essayant d’identifier les principales espèces.

Eiger en vue!
Arrivés sur la crête menant au col du Trütlisberg, on a un avant-goût du magnifique panorama qui nous y attend. L’Arpelistock, le Wildhorn et à gauche le Wildstrubel, qui marque la frontière avec le Valais, jouent les vedettes. Quelques photos plus tard, nous repartons, impatients de découvrir la suite. Le chemin passe au milieu des bosquets de rhododendrons en fleur. On atteint le col après une brève traversée à flanc de coteau. Nous y voilà enfin. Trois heures d’effort auront été nécessaires pour venir à bout des 1150 mètres de dénivelé positif de l’étape! La vue est notre récompense: on aperçoit pour la première fois l’Eiger, distant d’une centaine de kilomètres, où notre périple le long de la Via Alpina prendra fin. Nous sortons le pique-nique du sac et nous nous installons sur un tapis d’herbe moelleux pour une pause méritée. À l’aide de la carte, nous essayons de mettre des noms sur les sommets qui se découpent sur la ligne d’horizon. On resterait bien plus longtemps, mais les jambes sont en train de s’ankyloser. La descente, abrupte, ne ménage pas les cuisses. Lorsque les pâturages cèdent la place à la forêt, la pente se fait heureusement moins raide. Une flèche jaune nous dirige vers le Wallbach et les gorges du même nom. Au cours des siècles, le torrent a patiemment creusé dans la pierre des bassins cylindriques de plusieurs mètres de profondeur dans lesquels l’eau s’engouffre avec fracas.
La descente se poursuit sous le couvert des arbres et, une demi-heure plus tard, nous arrivons à La Lenk. Cette charmante station doit son essor aux sources thermales découvertes sur les hauteurs du village. Renommés pour leur eau, la plus riche en soufre des Alpes, les bains de Weissenburg ont attiré des visiteurs du monde entier dès le XVIIe siècle. Malgré le boom des sports d’hiver qui a suivi, le Simmental a gardé son âme en même temps qu’une forte tradition agricole. Pendant que nous regardons les paysans tourner dans les champs avec leurs tracteurs, de gros nuages font leur apparition dans le ciel. Un orage se prépare, il va falloir songer à se mettre à l’abri.

+ D’infos Prochaine étape: Lenk-Adelboden.

étapes

Vallée

La vallée de Turbach donne au marcheur une impression d’immensité.

Col

Arrivé au col du Trütlisberg, on jouit d’une vue grandiose sur les Alpes bernoises.

Cascade

La descente jusqu’à La Lenk recèle une surprise: les gorges de Wallbach, où le torrent a creusé de profonds bassins dans lesquels l’eau s’engouffre avec fracas.

L'arrivée

La Lenk, notre destination de la semaine.

Texte(s): Alexander Zelenka
Photo(s): Alexander Zelenka

infos pratiques

Y aller

En train
Depuis Montreux ou depuis Bulle via Montbovon.

Le parcours

22 km et 1150 m de dénivelé positif (autant pour la descente). Compter 7 h de marche. Prendre à boire en ­suffisance.

Se restaurer

Côté Gstaad, à la buvette de Wintermatte, tél. 033 744 16 17 (du mercredi au dimanche). Côté Lenk, à la buvette de Wallegg, tél. 033 733 16 35 (fermé le mardi). Pour un pique-nique, la laiterie de Gstaad offre une belle diversité de produits du terroir: Lauenenstrasse 24, tél. 033 744 11 15.