agriculture
Avec FarmX, l’économie de partage débarque dans le hangar à machines

Partager son matériel agricole avec d’autres exploitants sera bientôt possible via une application disponible sur smartphone et tablette. Elle facilite l’organisation et l’utilisation de machines par des tiers.

Avec FarmX, l’économie de partage débarque dans le hangar à machines

Mettre en location sa sarcleuse, consulter les plannings d’utilisation de la benne monocoque ou encore réserver une fendeuse à bois auprès d’un cercle de machines: voilà ce que permet FarmX, une nouvelle application destinée aux paysans et pensée pour smartphones et tablettes. Lancé par AgriJura, la Chambre jurassienne d’agriculture, et développé par une start-up bernoise, cet outil numérique sera disponible partout en Suisse, dès le début de l’année 2019. «Comme Blablacar pour les déplacements ou Airbnb pour l’hébergement, FarmX est une solution qui s’inspire de l’économie de partage», explique Michel Darbellay, directeur d’AgriJura. L’idée originale de FarmX émane en effet du canton du Jura, où ­coopératives et communautés de machines sont légion. «La Coopérative d’utilisation de machines agricoles (Cuma) est un excellent outil de partage de matériel, mais nécessite un gros investissement en temps pour la gestion des plannings, le relevé des carnets et, bien entendu, la facturation», observe Stéphane Balmer, agriculteur à Courcelon (JU). Secrétaire-caissier de la Cuma de son village qui compte 17 membres, l’exploitant rêvait d’un outil facilitant la logistique du partage de matériel ainsi que le décompte des heures. «Il fallait faire quelque chose pour faciliter la vie des utilisateurs des Cuma, explique Michel Darbellay, afin de leur éviter d’une part de passer trente coups de téléphone pour savoir si telle machine est disponible demain après-midi, d’autre part de courir après les carnets d’utilisation de chaque machine tous les six mois pour les décomptes.»

Simplicité d’utilisation
Les Jurassiens sont rapidement rejoints dans leur entreprise par l’association alémanique Machinenring ainsi que par les Vaudois de Prométerre, convaincus du bien-fondé de cet outil numérique. «Au vu de l’engouement, nous avons finalement décidé de développer cette appli pour tous les agriculteurs, membres d’une Cuma ou pas, pour leur permettre d’échanger et de louer du matériel agricole plus aisément», poursuit Stéphane Balmer. FarmX, qui a reçu le soutien de l’Office fédéral de l’agriculture, se révèle extrêmement simple d’utilisation: l’exploitant saisit dans l’application les machines qu’il souhaite mettre en location. «Il décide lui-même du tarif et de la durée minimale de location ou encore un rayon d’action, précise Michel Darbellay. Il peut également offrir une prestation globale, avec chauffeur, lier des machines les unes aux autres, tout en coordonnant les calendriers.» À l’interface, n’importe quel agriculteur inscrit à la plate-forme – via un abonnement annuel de 80 francs – peut accéder aux matériels, classés par secteur (travail du sol, épandage, etc.), évaluer les disponibilités et les conditions d’utilisation. «En un clic, il réserve sa machine et décide de la durée d’utilisation.» L’application se veut flexible. L’utilisateur va ainsi recevoir une notification si la machine qu’il a louée est disponible plus rapidement que prévu. FarmX générera par ailleurs automatiquement la facture et la fera parvenir par voie électronique au loueur.

Révolution du quotidien
Échanger plutôt qu’acheter, telle est la finalité de FarmX, qui se veut autant pratique qu’incitatif. «La mécanisation est le poste le plus important dans les coûts de production d’une exploitation, rappelle Stéphane Teuscher, de Prométerre. Optimiser l’utilisation du matériel permet de réduire de façon conséquente les coûts et d’améliorer au final la situation financière des familles paysannes.» Avec FarmX, les membres des Cuma pourraient donc bien voir leur quotidien révolutionné. «J’y gagne en qualité de vie, apprécie Stéphane Balmer, qui teste l’application depuis l’été dernier avec ses collègues. FarmX est un atout clair pour mieux planifier son travail, car la disponibilité des machines est visible en temps réel. Plus rapide et plus fiable que le téléphone, même s’il faut que tous les membres jouent le jeu!» Quant aux agriculteurs non affiliés à une Cuma, Michel Darbellay parie qu’ils seront nombreux à s’inscrire à la plate-forme. «Collaborer entre exploitants, même voisins, n’est jamais simple. Il faut se mettre d’accord sur un tarif, s’assurer de la disponibilité de la machine, y compris en période de pointe. FarmX permet de mettre toutes les cartes sur la table! L’agriculture, qui n’est pas un secteur si différent des autres, doit elle aussi tirer parti du potentiel de l’économie de partage!»

+ d’infos www.farmx.ch

Texte(s): Claire Muller
Photo(s): Nicolas de Neve