Façade partiellement boisée, rideaux turquoise le long de balcons filants donnant sur une cour arborisée et en pleine terre, le bâtiment du Bled est épuré et accueillant. Situé dans un îlot de cinq immeubles de l’écoquartier des Plaines-du-Loup, à Lausanne, cette bâtisse de
77 logements terminée cette année est facilement reconnaissable.

Une autre particularité est que les habitants qui l’occupent sont plus que de simples résidents: ils sont coopérateurs. Cela signifie qu’ils adhèrent, depuis 2016 pour les premiers, aux principes de la coopérative du Bled. Celle-ci prône notamment la préservation de ces logements du marché spéculatif selon la règle du prix coûtant, et prête une attention particulière à l’utilisation des ressources, si possible locales.

Maximiser les synergies

Labellisée Minergie-P, SméO et société à 2000 watts, la construction respecte certains critères environnementaux. Depuis le toit, David Vigo, architecte ayant collaboré au projet, pointe du doigt neuf petites grilles dans la cour: «Huit sondes géothermiques alimentent le réseau pour l’eau chaude et le chauffage des cinq bâtiments de l’îlot. Quand à la neuvième, elle récupère la chaleur des eaux usées.» De là-haut, nous voyons aussi les toitures des autres immeubles, couvertes de panneaux solaires dont l’électricité produite est également partagée. Concernant les matériaux, si des parties en béton n’ont pu être évitées pour des questions réglementaires, elles sont compensées côté cour par une façade préfabriquée en bois de mélèze suisse. L’intérieur des logements se veut, quant à lui, brut. «Cela permet d’empêcher les successions de couches et favorise le recyclage du bâtiment sur le long terme», précise David Vigo.

Outre ces aspects techniques, l’équipe du bureau d’architectes TRIBU a également insufflé à l’immeuble sa vision de l’écologie; celle-ci mise sur une densification qui participe fortement à la ville. Un dixième de la place disponible y est, par exemple, affecté à des activités collectives. S’y trouvent également les bureaux de TRIBU – dont quatre collaborateurs vivent au Bled – au sein d’un espace de coworking axé sur les métiers de la transition écologique et sociale. «Le but avec ces surfaces commerciales et les espaces communs réservés aux habitants, mais aussi ceux qui ont un rayonnement plus large, comme la salle de spectacle par exemple, est de favoriser au maximum les synergies», dit l’architecte.

Extrêmement social

Dans une coopérative, chaque habitant investit une certaine somme à son arrivée et possède ainsi une part du bâtiment. De ce fait, chacun est impliqué dans la vie commune de l’immeuble. Lya Blanc, qui fait partie des quatre architectes vivant au Bled, est convaincue par ce modèle: «N’ayant pas collaboré au projet, je ne peux m’exprimer qu’en tant qu’habitante. C’est la possibilité de prendre part à certaines décisions et la manière de vivre qui m’a plu.»

«Les premiers coopérateurs ont tout de suite été intégrés dans les démarches, complète David Vigo. Ils ont eu le choix entre plusieurs typologies d’appartement et ont été impliqués dans la sélection des matériaux et finitions, avec une attention portée sur les coûts, l’énergie grise et le bilan CO2.»​ Et cette participation des occupants continue: un groupe de travail pour le potager s’est déjà créé, ainsi que le «Cinébled», avec des projections à la salle polyvalente. Ce ne sont que deux exemples parmi d’autres. «En tant que famille, tout cela permet d’investir d’autres endroits que son logement, avec tous les liens sociaux que cela génère», confie Lya Blanc.

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