rénovation écologique
À Montheron, une ferme sauve son âme avec du bois brûlé façon Japon

Transformée en deux appartements, une ferme de Montheron (VD) présente un bardage de planches de bois préalablement brûlées au chalumeau. Un chaudière à pellets alimente un chauffage par le sol.

À Montheron, une ferme sauve son âme avec du bois brûlé façon Japon

Frère et sœur se sont retrouvés propriétaires d’une ferme il y a quelque cinq ans. Comment allaient-ils transformer, à leur convenance, cette maison où ils vécurent leur enfance? Située à Montheron (VD), sur la commune de Lausanne, cette bâtisse, construite en 1850, avait depuis longtemps perdu sa fonction agricole. Aujourd’hui, avec sa partie haute, bardée de planches de bois brûlé, selon une technique japonaise ancestrale, cette maison entièrement rénovée allie audace architecturale et respect du patrimoine.

Brûler le bois en superficie permet de le rendre extrêmement dur. Privé d’oxygène, il est blindé contre toute agression extérieure et présente une meilleure résistance au feu. «Ce traitement confère au bois une stabilité d’aspect, note Fred Hatt, du bureau lausannois Tangram mandaté pour la transformation. Avec du bois clair, la maison aurait pris une apparence neuve, ce qui ne correspondait pas à la volonté du client et de l’architecte.» Bien entendu, passer au chalumeau chacune des planches de l’épicéa demande une certaine expérience («maîtriser la couleur en évitant de trop peu ou de trop brûler») et du temps. Fred Hatt s’y est mis lui-même, avec la complicité active de collaborateurs de Tangram et des propriétaires. Pour une telle ferme, affirme l’architecte, dix jours seraient nécessaires à une personne pour accomplir cette tâche.

Deux profils distincts d’habitat
«La ferme se composait d’une partie initiale et de trois annexes, explique Fred Hatt. Nous avons démoli l’une d’entre elles. Deux typologies d’habitat se sont dès lors présentées à nous et le partage s’est fait de manière évidente.» Dans la partie correspondant à l’ancienne grange, le frère, célibataire, bénéficie d’un vaste espace ouvert, façon loft, qui convient bien à son style de vie. Sa sœur, son compagnon et ses deux enfants ont réinvesti la partie habitable, qui a conservé ses plafonds bas et, à peu de chose près, la répartition d’origine des pièces. La cuisine est toutefois devenue un bureau et la salle de bains a changé de place. Mais c’est bien l’intégration de l’ancienne entrée de la grange qui donne du caractère à cette habitation familiale. Traversante, tout en longueur, cette pièce fait office de nouvelle cuisine, baignée par la lumière qui pénètre à travers deux portes vitrées, aménagées aux deux extrémités. «Nous avons respecté ici, comme ailleurs dans la maison, la volumétrie d’origine», explique Fred Hatt, qui souligne le caractère ouvert de ce nouvel espace, tout en hauteur, contrastant avec le côté intimiste du salon attenant.

Chauffage au sol
L’isolation ne fut pas une mince affaire. «Le bâtiment étant classé, nous avons dû tenir compte de l’épaisseur des murs de la partie habitable d’époque, qui sont, aujourd’hui, moins généreusement isolés que les murs de la grange d’origine», précise Fred Hatt. Une chaudière à pellets de bois assure le chauffage au sol des deux appartements, entièrement isolés selon le standard Minergie. Désormais, quand une goutte d’eau tombe sur le sol, elle ne se transforme plus en glace. Lorsqu’ils étaient enfants, les propriétaires ont pu observer ce phénomène qui n’est plus qu’un joli souvenir.

Texte(s): Nicolas Verdan
Photo(s): © fred hatt

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Combien ça coûte

Cette ferme de 1850, qui avait subi plusieurs ajouts depuis sa construction, représente une surface de 625 m2, dont 390 habitables. Le prix de rénovation se monte à 2100 francs par mètre carré.

Les maîtres d’ouvrage et l’architecte n’ont pas demandé de subventions pour accompagner l’isolation du bâtiment selon les standards Minergie. La chaudière à pellets a une capacité de 8000 litres, soit 1 an et demi d’autonomie.

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