Deux fois par mois, nous partons à la découverte d’une exploitation agricole de Suisse romande proposant ses produits en vente directe et présente sur notre plateforme de bonnes adresses.

Il était une fois un mécanicien pour vélo, une botaniste et un moniteur de parapente. Après que les deux premiers eurent achevé leurs études respectives d’agronomie et de gestion de la nature, le trio réalisa son rêve: reprendre une ferme aux portes de Genève, selon un modèle d’agriculture durable, collectif et diversifié. C’est ainsi que Lorédan Füeg, Caroline Jeanneret et Edouard Pouteil-Noble ont investi le domaine de la Touvière, à Meinier (GE), en 2013. «Cette exploitation appartenait à la même famille depuis trois générations. Celle-ci était pionnière dans l’agriculture biologique et la vente directe, notamment de pommes. Nous avons décidé de faire perdurer ces traditions, tout en innovant à notre manière», expose Lorédan. Aujourd’hui, une quinzaine de personnes travaillent sur les lieux, tous âgés de 30 à 40 ans.
Un verger résilient
Il y a six ans, le verger historique a été arraché pour planter des variétés de pommes plus résistantes aux maladies, comme la karneval, la rustica et la galiwa, sur 1,5 hectare. En parallèle, la petite équipe a développé le maraîchage. En ce moment, courges, betteraves et autres légumes de garde sont récoltés et mis en chambre froide. De grandes cultures comme le maïs à pop-corn, l’épeautre, ainsi que l’orge et le houblon à destination de brasseries artisanales ont aussi été mises en terre. «Chez nous, pas d’intermédiaire ni de grossiste. Toute notre marchandise est écoulée en vente directe, car nous voulons être proches de nos clients», assurent les paysans. Des paniers sont aussi proposés sur place, ainsi qu’à divers points relais au centre-ville. «Mais surtout, plus de cent produits de la ferme et des exploitations alentour sont disponibles dans notre magasin en self-service. C’est un succès! Un vrai lien de confiance s’est établi avec la clientèle.»
Des chèvres et du vin
Depuis 2016, une autre équipe a investi les lieux avec une soixantaine de chèvres laitières, afin de produire du fromage et de la viande de cabri au printemps. «Nous fabriquons également de la feta et des yogourts avec le lait de brebis de nos voisins, afin d’amortir nos infrastructures», détaille Sophie Regard, l’une des chevrières. Le collectif a aussi tenu à valoriser le vignoble existant, en proposant deux vins rouges, un rosé, un blanc et un pétillant, en collaboration avec le domaine de la Devinière, à Satigny (GE). «Cette année, nous allons même mettre au point notre premier vin nature sur place, se réjouit-il. Désormais, il est possible de composer un repas complet avec tout ce qui est produit sur place. Cela nous tenait à cœur.»
Des visites à la ferme, des événements culturels – comme le Festival du Film Vert –, et de nombreux travaux participatifs sont également organisés, à l’occasion des vendanges ou des récoltes de pommes de terre (voir sur leur page Facebook, ndrl). «Créer des liens permet de montrer le vrai visage de l’agriculture. Cela fait partie de notre philosophie.»
Engagés dans l’Affaire TourneRêve
En plus d’être disponibles sur les étals de leur self-service à la ferme, certains produits de la Touvière sont vendus via l’Affaire TourneRêve. Créée en 2003, cette association propose aux consommateurs genevois des paniers composés de produits locaux secs, tels que pâtes, farines, céréales ou huiles, grâce à des contrats à l’année. Cette agriculture contractuelle de proximité permet d’assurer l’écoulement des marchandises une fois cultivées, dans une optique de solidarité et de soutien au terroir local. «Les anciens propriétaires du domaine étaient très engagés dans ce projet. Nous avons continué d’y participer, car cela correspond à nos valeurs», explique Lorédan Füeg. Actuellement, 1400 ménages y souscrivent chaque année, ainsi qu’une quinzaine de producteurs.