VIDEO
Le périple amoureux du crapaud commun est semé d’embûches

Dès aujourd’hui, visionnez sur notre chaîne YouTube le nouvel épisode du «Marronnier». Imaginée par le journaliste genevois Witold Langlois, cette série décrypte le comportement des animaux de chez nous.

Le périple amoureux du crapaud commun est semé d’embûches

Un anoure de crapaud
Le crapaud commun est le plus courant de son espèce dans nos contrées. Lent et placide, il se déplace essentiellement en marchant dans les recoins de la forêt et ne bondit que lorsqu’il se sent en danger. «Il fait partie de la grande famille des anoures, qui comprend également les grenouilles, explique Andréas Schmitz, herpétologue au Muséum d’histoire naturelle de Genève. Ces amphibiens carnivores se nourrissent surtout de limaces et de coléoptères. Présents sur Terre depuis le permien, il y a 265 millions d’années, ils ont colonisé l’ensemble du globe.» Notre crapaud commun est forestier. Il ne fréquente les milieux aquatiques que pour se reproduire.

Retour aux sources
En automne, les crapauds, comme programmés, se rassemblent et prennent la direction de l’étang ou du point d’eau qui les a vus naître. Arrivés à quelques mètres, ils stoppent net. Ils s’enfoncent alors sous terre, bien au chaud, pour y passer l’hiver. Les mois passent et, en mars, nos chers crapauds sortent de leurs cachettes et entament la seconde partie du voyage vers leurs eaux natales. «On les observe par centaines, voire par milliers, c’est impressionnant, décrit Andréas Schmitz. Mais il y a danger! Car bien souvent, une route traverse l’itinéraire du crapaud commun.» Dans ce cas, c’est l’hécatombe. Heureusement, en Suisse comme dans d’autres pays, des plans de protection sont mis en place par diverses associations. Corridors et passages permettent aux crapauds de finir leur pèlerinage en toute sécurité. Parfois, ce sont des bénévoles qui leur font traverser la route, entassés dans des seaux.

Une partie de rugby
Plus petits et plus nombreux, les crapauds mâles s’agglutinent et se poussent sur le dos des femelles pour les féconder. Ce spectacle cocasse évoque les mêlées au rugby. L’instinct de reproduction de l’espèce est si fort que certains mâles se retrouvent parfois dans une situation plus qu’absurde, agrippés plusieurs jours durant… à un poisson! La saison de reproduction dure un à deux mois. La femelle pond un cordon d’œufs pouvant mesurer 5 à 6 mètres de long. Le mâle doit ensuite les féconder, un par un! «C’est long, sachant qu’un cordon peut en contenir jusqu’à 4000», souligne Andréas Schmitz.

Pas touche!
Extrêmement toxique, le crapaud commun n’a pas de prédateur. Aucun poisson, aucun oiseau, aucun renard ni aucun mustélidé ne se risquerait à aller au contact, et pour cause: l’animal possède une redoutable armure de verrues. Celles-ci sécrètent un puissant venin qui pénètre dans le sang de l’assaillant par les muqueuses, pouvant dans certains cas entraîner un arrêt cardiaque puis la mort.

Animal de légende
«Dans les histoires pour enfants, le crapaud joue parfois le rôle du mâle de la grenouille, ce qui induit ces derniers en erreur jusqu’à l’âge adulte, sourit Andréas Schmitz. S’il s’agit d’un conte de fées, le crapaud est bien souvent le résultat d’une transformation due à un sortilège ou à une malédiction!» Quoi qu’il en soit le crapaud commun n’est pas un «méchant». Notre anoure ne doit sa mauvaise réputation qu’à son arme de défense ultra-efficace (son venin) et à une apparence peu ragoûtante!

 

Texte(s): Witold Langlois
Photo(s): Robin Recordon

Notre expert

Entré au département d’herpétologie du Muséum d’histoire naturelle de Genève comme chargé de recherche en 2003, Andréas Schmitz se passionne pour les serpents et les amphibiens depuis plus de vingt ans.