vaud, La Côte

Balade dans le passé sidérurgique vaudois

Les bois de Ferreyres, près de La Sarraz, abritent les vestiges d'une production industrielle intense dont certains remontent à l'époque romaine. Cette présence humaine durable, qui a transformé le paysage, recèle encore bien des mystères.

Commencer cette boucle par l’entrée discrète qui mène à un petit vallon raviné permet de découvrir le relief accidenté, et souvent mal connu, qui prédomine dans cette région du Plateau vaudois. Sur le sentier qui serpente entre les buis, un bruit de ruissellement troue le silence. Presque asséchée, une cascade coupe une falaise qui se prolonge. Parsemée de troncs couchés que la forte humidité ambiante pare de vert, la minuscule vallée d’Engens ressemble à un monde oublié. Quinze minutes de marche suffisent pour en sortir et atteindre la clairière de la Cressonnière.

Dans son prolongement, un premier, puis un second sentier montant se succèdent. C’est en empruntant ce dernier que nous gagnerons le Bec-à-l’Aigle. Mais auparavant, il vaut la peine d’avancer encore un peu. Un coude du chemin cache en effet les couches étagées d’une tufière et le cours du Nozon, affluent sauvage de l’Orbe, que l’on perdra de vue par la suite. Slalomant entre les troncs gris des chênes, on remonte alors au Bec-à-l’Aigle. Un point de vue auquel on ne s’attend pas dans ce milieu forestier dense. Il offre un survol du vallon du Nozon jusqu’aux Préalpes vaudoises. Si les falaises qui dominent la rive opposée de la rivière attirent facilement le regard dans la rectiligne qui suit, mieux vaut rester attentif. Les jeunes pousses de hêtres qui bordent le chemin sont un refuge dans lequel se fondent facilement les chevreuils et chamois.

Un chemin de débardage nous ramène ensuite dans la partie haute de la réserve. Connue surtout pour ses grandes dalles calcaires ceinturées de buissons et chênes tortueux, la réserve des Buis doit sa magnifique apparence actuelle à une exploitation forcenée du bois pour la production de chaux et de fer. Industrie qui remonte ici à l’occupation romaine.

Des fours de valeur nationale

Des vestiges du passé se succèdent alors le long de la piste qui part sur notre gauche. Il y a d’abord ces tas de pierres, éparpillés dans le bois et que l’on repère à leur mousse verte. Puis apparaît un cratère discret dans le sol: ce sont d’anciens fours à fabriquer la chaux. Elle servait de crépi mais aussi de désinfectant en cas d’épidémies. Plus loin, un édicule de béton a été construit pour protéger des bas fourneaux, des fours jumelés destinés à la réduction du minerai de fer. Découverts dans les années soixante seulement, ils sont classés à l’Inventaire des biens culturels suisses d’importance nationale, sous l’appellation «Sidérurgie préhistorique et médiévale». Un site rare que des vitres parfois couvertes de condensation empêchent d’apprécier à sa juste valeur.

Des artistes sont passés par là

Cette forêt, dans laquelle on ne serait pas surpris d’apercevoir un druide occupé à couper du gui, serait-elle aussi inspiratrice qu’elle a été productive? On pourrait le croire. En effet, sur l’une des parois de la Carrière jaune – que l’on rejoint par un tronçon de vieille route qui se perd dans le bois – des artistes anonymes ont imité l’art pariétal avec talent. À noter que c’est de cette carrière magnifique qu’a été extraite, durant des siècles, la pierre dorée qui a servi à de nombreuses constructions régionales.

Si l’hiver est propice à la découverte des paysages et sites historiques de Ferreyres, le printemps offre en prime une atmosphère et une flore qui ne sont pas sans rappeler celles des garrigues provençales. Oui, on dirait le Sud!

Texte(s): Daniel Aubort

infos pratiques

Y ALLER

En transports publics Arrêt La Sarraz sur la ligne CFF Lausanne-Vallorbe. Puis ligne de bus La Sarraz – Mont-la-Ville. Arrêt Ferreyres Village. Départ de la balade à 1 km.

En voiture Sortie No 21 La Sarraz sur l’autoroute Lausanne-Yverdon. Au deuxième rond-point du centre de La Sarraz, prendre à droite la route de Ferreyres. À l’entrée de Ferreyres, suivre sur 1 km la première route sur la droite. Parking à l’issue de cette route.

LE PARCOURS

Compter 2 h pour effectuer cette boucle (4,5 km). Revenir de 150 mètres depuis le parking et suivre le sentier, à 50 m à gauche de l’entrée du bois, pour atteindre la vallée d’Engens. À la Cressonnière, monter au Bec-à-l’Aigle puis rejoindre le site des fours à fer et à chaux. Un sentier sur la gauche, 150 mètres après les fours à fer, permet de descendre à la Carrière jaune. Remonter vers le parking par l’autre extrémité de la carrière. Bonnes chaussures nécessaires. Carte OFT au 1:25 000 No 1222 Cossonay.

SE RESTAURER

Café-Restaurant de l’Étoile, route de La Praz, à Moiry. Spécialité: une fois par mois, langue de boeuf et tripes à la milanaise. Fermé le mardi. Tél. 021 866 72 03.

SE RENSEIGNER

Réserve des Buis Pro Natura: http://www.pronatura-vaud.ch

Commune de Ferreyres: http://www.ferreyres.ch