valais, Arolla

Balade à skis au Pigne d’Arolla, maous et costaud

Culminant à 3790 mètres, ce sommet fait rêver les randonneurs attirés par les grandes bambées en haute montagne. Mais attention: bien que peu technique, la montée s’adresse aux skieurs expérimentés et... en forme!

Si tous les skieurs de randonnée n’ambitionnent pas forcément de monter un jour sur le Pigne d’Arolla, la plupart connaissent de nom ce géant qui, du haut de ses 3790 mètres, domine le val d’Hérens. C’est d’ailleurs injuste, car avec 210 mètres de plus, il aurait pu rejoindre la liste des sommets de plus de 4000 mètres. Si la géologie en a décidé autrement, il n’en reste pas moins imposant, surtout pour ceux qui, comme nous, contemplent sa face nord depuis Arolla, une succession de barres et de séracs menaçants.

Agriculteurs et grands sportifs, les Vaudois Pierre-André Curchod, de Mauraz, et Francis Guignard, de Villars-Bozon, sont mes guides du jour. «Chaque hiver, nous essayons de faire au moins une belle sortie, sourient les deux complices, qui ont, entre autres, participé plusieurs fois à la Patrouille des Glaciers – en partie annulée cette année pour cause de conditions climatiques défavorables. Nous sommes déjà montés plusieurs fois au Pigne. C’est à chaque reprise une aventure, qui peut sérieusement se compliquer lorsque le mauvais temps s’en mêle!» Heureusement, en ce matin de mi-avril, tous les indicateurs sont au beau fixe. Dans le ciel, pas l’ombre d’un nuage. Le vent est modéré et le danger d’avalanche, faible. Levés bien avant le chant du coq, nous sommes sur les skis à 7 h tapantes. À 2000 mètres d’altitude, on sent que l’hiver n’a pas encore dit son dernier mot. Le thermomètre affiche quelques degrés au-dessous de zéro. Heureusement, au sommet de la première pente, le soleil vient déjà à notre rencontre et réchauffe nos mains engourdies. Nous poursuivons notre progression jusqu’au pied des Louettes-Écondoue. «Là, des chamois!» s’exclame Pierre-André Curchod, pointant de son bâton de ski une dizaine de bêtes arrivées on ne sait trop comment sur une vire particulièrement escarpée.

L’altitude se fait sentir
Après un long faux plat, nous arrivons au bas du glacier de Pièce. «Même s’il n’est pas très crevassé, mieux vaut se tenir sur la gauche», conseille Pierre-André Curchod. Simple point dans le lointain, la cabane des Vignettes se rapproche. Quelques conversions plus tard, nous finissons pas déboucher au col éponyme, où souffle un fort vent. Il fait froid, mais quel spectacle! Il y a d’abord le coup d’oeil sur la cabane arrimée aux rochers, qui surplombe le vide, et tout autour, des montagnes à perte de vue. Nous sommes à 3160 mètres d’altitude. «Plus que» 600 mètres de dénivelée avant le sommet. À condition bien sûr d’être de ceux qui voient le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide! À partir du col des Vignettes, la course devient véritablement alpine. Juste après le passage d’un rognon rocheux, à 3300 mètres d’altitude, on attaque la dernière montée en suivant la direction ouest – nord-ouest. Le vent forcit encore. Les plaisanteries qui fusaient dans la première partie de l’ascension laissent la place au silence qu’impose
l’effort. L’altitude commence à se faire sentir. Chacun serre les dents et avance. On est au-dessus des 3500 mètres d’altitude à présent. Une pause pour avaler tant bien que mal une barre de céréales et c’est reparti. Trente minutes plus tard, on arrive à un dernier col, puis au sommet. «Magnifique!» se félicitent, après la poignée de main d’usage, Pierre-André Curchod et Francis Guignard, face à un panorama de carte postale. Il est midi. Nous restons là une bonne heure, à bavarder et à admirer sans nous en lasser ce spectacle grandiose. Pour couronner cette journée déjà si parfaite, la neige est bonne dans la descente. Il y a des jours où on a l’impression d’être béni des dieux de la montagne.

Texte(s): Alexander Zelenka
Photo(s): Alexander Zelenka

infos pratiques

Y ALLER

En transports publics
Depuis Lausanne, train pour Sion, puis bus pour Arolla (changement aux Haudères).
En voiture
Parking gratuit à Arolla.

LE PARCOURS

Depuis le parking, suivre les remontées mécaniques d’Arolla jusqu’à l’altitude de 2050 m environ. Remonter la moraine, prendre pied sur le glacier de Pièce, passer le raidillon à 2850 m sur la gauche (en rive droite du glacier) et poursuivre jusqu’au col des Vignettes. De là, tirer direction SO, passer en dessous d’un rognon rocheux, à 3300 m, puis remonter direction O-NO pour rejoindre au mieux, selon les conditions et les crevasses, le col situé entre le point 3772 et le sommet. Descente par le même itinéraire.
Cotation ski: peu difficile.
Dénivelé positif: 1815 mètres; descente: idem.
Compter 6 à 7 heures aller-retour.

SE RESTAURER

Emporter de quoi boire et manger dans le sac. Restauration possible à la cabane des Vignettes. Au retour, prévoir une halte sur la terrasse du Restaurant du Glacier, à Arolla, pour une bière panachée bien méritée!

SÉCURITÉ

Cette course se déroule en terrain glaciaire. Il est recommandé de ne l’entreprendre que sous la conduite d’un guide professionnel ou alors sous sa propre responsabilité, après avoir consulté le bulletin d’avalanches sur www.slf.ch et bien préparer sa sortie.